Présidente de l'association "Les Toits de l'Âme"

et porteuse du projet de développement

Je vous remercie du temps que vous nous accordez en lisant la présentation des Toits de l'Âme et de ceux qui m'accompagnent dans cette association qui me tient à cœur et qui rayonne dans notre belle Alsace.

Je suis Elisa Roesch, 56 ans, mariée et maman d'une fille.

Je suis une ancienne victime de graves maltraitances dans l'enfance et milite pour la prévention et l'accueil des victimes et proches de victimes de violences sexuelles et de maltraitance dans l'enfance et à l'âge adulte.

Les Toits de l'âme souhaite créer un environnement d'accueil chaleureux, humain, accessible à tous, pour une écoute bienveillante et l'accès à des professionnels de la santé et des conseils juridique.

Cela se déroulera dans un environnement de nature où la place des animaux est une évidence pour tous et leurs bénéfices thérapeutiques sont connus de tous.

Nous remercions et rendons hommage aux personnes qui nous accompagnent bénévolement dans la création de l'association pour leur générosité, leur disponibilité et leur humanité :

Me Marlène Lyautey avocate au barreau de Mulhouse

Elisa Roesch porteuse du projet, mon Histoire :

Je suis née dans un milieu simple où les études et l'instruction n'étaient pas la priorité, avantage ou inconvénient ?

Le fait est que cela m'a fait développer une autonomie hors normes, une volonté de comprendre et d'expérimenter chaque enseignement avant de les partager dans ma démarche d'accompagnement.

Aujourd'hui à la lumière du chemin parcouru j'ai pris conscience que je n'aurais certainement pas acquis tout ce savoir si je n'avais pas démarré mon histoire dans ce milieu qui s'est avéré extrêmement maltraitant et traumatique...

Les enfants n'étaient pas considérés en tant qu'êtres vivants sensibles, pensants, mais chosifiés, utilisés pour leurs propres besoins mortifères, projetés dans le néant de la maltraitance et le froid du non amour.

J'ai pu vivre dans ma chair, dans ma vie de femme les conséquences dramatiques, les conditionnements, les déconstructions de ces nombreuses maltraitances.

J'ai été victime de viol incestueux dès l'âge de 3 ans jusqu'à l'âge de 15 ans par mon père avec le silence complice de ma mère et des attouchements par trois de mes frères, j'ai subi de graves maltraitances, des coups par ma mère, une absence totale de repaire d'amour.

Consécutivement à cette enfance traumatique je me suis inconsciemment dirigée vers des hommes maltraitants, irrespectueux et j'ai connu l'enfer des violences conjugales avec tentative de meurtre.

J'ai été entendu par un psychologue au sein de l'école primaire qui fut la première et dernière personne à qui je confiais ce que je vivais, cet homme m'a répondu "C'est très vilain de mentir, ce ne serait pas plutôt toi qui fantasmerais sur ton père" ! Je ne connaissais pas le sens de ce mot, par contre j'ai très bien compris que je devais me taire, ce psychologue m'a condamné à l'enfer pour le reste de mon enfance !

Les mots/maux enfermés cloisonnés trouvèrent une autre façon de sortir, mon corps somatisa en déclanchant une multitude de problème de santé qui allèrent jusqu'à me faire perdre l'usage de mes jambes, de mes bras, m'anéantissant au fond de mon fauteuil.

Là commença une errance médicale qui dura des années, sans secours, sans solutions avec en prime des violences médicales inouïes...

J'ai également rencontré par moment des médecins ou autres soignants compatissants mais je dois dire totalement démunis face à ce qui m'arrivait, donc il était plus simple de me proposer des médicaments qui étaient censés faire taire mes douleurs, mes nuits blanches, tout semblait irrémédiablement perdu !

Je ne croyais plus à la thérapie vu mes expériences désastreuses jusqu'au jour où j'ai rencontré un thérapeute différent...

Je tiens à lui rendre hommage ici, il se nomme Jean-Guillaume Bellier, il continu de m'accompagner dans ma réparation.

J'ai fait ce long chemin de reconstruction et je lui porte une gratitude infinie même si je sais que c'est moi qui remporte jour après jour ce droit à la vie et à la joie, sans lui, sans son approche humaniste, sans son implication, le chemin de souffrance aurait été irréversible !

J'ai aussi une grande reconnaissance envers mes proches, mon mari, ma fille pour leur soutien et leur amour.

Cette histoire est là, elle fait partie de mon identité, elle est gravée et quelle merveilleuse découverte que de pouvoir jour après jour la transformer en force, en puissance, en joie et c'est ce qui me porte vers l'autre.

Je connais l'importance de guérir ses blessures afin de ne plus être à la merci de toutes ces montagnes de souffrances qui me retiraient la possibilité de toute vie ! J'ai pu également mettre en lumière les conditionnements, les peurs qui nous voilent la vue, la vue de l'autre, la vue de notre puissance, la vue de notre pouvoir créateur, la vue de notre merveilleuse nature intérieure !

Avoir vécu tous ces traumatismes et avoir fait ce chemin thérapeutique me permet de comprendre et ressentir en profondeur les processus, les blocages et les chemins de guérison.

Cela me met en raisonnance avec les êtres qui ressentent ces mêmes souffrances et me permet de les accompagner différemment car je les ai éprouvé de l'intérieur, je continue toujours à ce jour d'être accompagnée.

J'ai découvert le milieu hospitalier lors de la naissance de ma fille qui a eu de graves problèmes de santé. Ma présence constante auprès d'elle m'a offert de belles rencontres avec les professionnels de santé et, par-dessus tout, avec les enfants malades qui m'ont révélé un contact privilégié avec eux, Je les remercie de la confiance qu'ils m'ont accordée, ainsi que leur famille...

Lors de ce cheminement au contact de la maladie, ma merveilleuse fille fut pour moi une source d'apprentissage et de partage.

A partir de là s'est enchainé une succession d'évènements et de rencontres qui changèrent le cours de ma vie.

Mon expérience d'accompagnement bénévole a démarré en 1998 dans l'accompagnement de fin de vie des enfants et des personnes adultes que j'ai pratiqué en milieu hospitalier et à domicile.

J'y ai vécu des expériences humaines, spirituelles d'une grande intensité, elles font partie de mon socle, c'était sans que je le sache le démarrage de mon projet « Les toits de l'Âme » que je vous présente aujourd'hui !

J'eu la chance de faire partie tout d'abord de l'équipe de Denis Ledogard à l'aumonerie du CHU de Hautepierre (67) avec qui je fus initiée à mes premiers pas dans l'accompagnement de fin de vie en milieu hospitalier auprès des adultes.

Éprouvant le besoin d'apprendre d'avantage, j'intégrais l'association JALMALV où j'eu accès à plusieurs formations internes me permettant également d'accompagner des enfants en fin de vie avec leurs familles.

Ce fut une des expériences des plus riche et intense qui me fut donnée de vivre.

Je dis toujours que ce premier petit garçon de 3 ans que j'ai eu l'honneur d'accompagner était mon maitre à penser, mon sage qui m'appris ce qu'était la souffrance, les questionnements, les craintes, la mort pour un petite garçon, les peurs et les joies d'un enfant malade et à qui je rends hommage ici, il est le début de tout !

Mon souhait aujourd'hui est de créer un lieu qui permet de partager, accueillir et guérir les blessures du passé, dans un environnement chaleureux et familiale et surtout que ce lieu soit accessible à tous et à toutes sans conditions de revenus, car c'est un obstacle très fréquent pour ces victimes qui sont souvent dans des situations financières précaires ne leurs permettant pas de payer un suivi thérapeutique qui reste onéreux et la plupart du temps à la charge de la victime.

Les conséquences de ces traumas impactent à tel point que leur durée de vie est diminuées de 20 ans par rapport à la moyenne pour les causes que l'on peut comprendre notamment les conduites à risques, les somatisations qui affectent de manières significatives voir handicapantes leurs corps et leurs esprits et les mettent dans des situations physiques et psychiques où elles développent des maladies de différentes natures, venant impacter tout d'abord leurs cursus scolaires et ensuite leur niveau social !

Malgré toute l'horreur que peut inspirer ces récits on peut oser dire que ce n'est pas forcément irréversible, Il existe une vie possible, un chemin de réparation c'est le message et le chemin de vie que je souhaite proposer avec le concours des professionnels sur le lieu Des Toits de l'Âme.

Il ne s'agit pas de minimiser les conséquences de ces outrages et de ces crimes ni la difficulté et la dureté de ce cheminement mais bien de dire que c'est possible dans un contexte adapté et avec des approches multidisciplinaires essentielles pour ce type de traumatisme.


TÉMOIGNAGE d'Élisa sur EUROPE 1